Le sentier de la Saline

8 juillet 2007

Un petit tour par la plage de la Saline... De bon matin, c'est toujours agréable ! C'est la balade à faire en couple, mais que nous avons surtout fait séparément. L'Homme, un matin pendant lequel je travaillais assidument à une tâche ingrate (même pas vrai) dans un bureau climatisé (18° on peut même dire réfrigéré). La Femme, un matin pendant lequel l'Homme était à Maxent, se préparant avant d'aller déjeuner chez Serge et Marie-Christine, dans une Bretagne estivale (14°C ce matin) et ensoleillée (entre les averses). Ceci dit, nous l'avons tout de même faite ensemble, cette balade. Et c'est quand même mieux à deux, quand on a 4 paires d'yeux pour regarder les piafs, outre le côté "on est ensemble on est bien" mais ça c'est pas de la rando.
Ceci dit, je dis rando, ricanons z'en coeur. En fait, dans une grande volonté de montrer que je peux être une vraie fille avec de vrais attributs de fille (comprenez robe), j'ai souhaité m'acheter des chaussures de fille dans lesquelles je pourrais glisser avec délicatesse mes mignons arpions. Aussitôt dit aussitôt fait, zou, les mignonnes godasses furent acquises. Le problème, c'est qu'elles faisaient mal aux pieds. Que nenni, me disais-je, dure envers moi-même, tu fais ta sucrée, tes pompes ne font pas mal ce sont tes pieds qui font les délicats. Donc, je mets les chaussures. Ce que j'ai fait vendredi. Et je les ai gardées pour aller à la préfecture. Grande balade d'au moins 300m. Et quand je suis revenue : pied cassé. Grosse ampoule kapout. Je sais ça n'a pas l'air intéressant, mais continuez vous allez comprendre pourquoi tant de détails. Bref, il était prévu d'aller en randonnée ce week end : grand plaisir : demi Molokoï, avec nuit en carbet et tout et tout. Or, je voyais ce plaisir risquer de me passer sous le nez. Heureusement, l'un des carbets de passage s'est écroulé et la place manquait pour nous (non j'suis pas égoïste, je confirme : heureusement le carbet s'était écroulé). Donc pas de Molokoï. Pas de souci, j'allais donc monter sur la Mirande ! Mais, ce matin, au moment de mettre mes belles chaussures de rando (y'a beau !) pas moyen de faire un pas. Ces sales pompes de gonzesse m'avaient durablement altéré le talon, et me clouaient donc dans mon appart, seule, désoccupée et désespérée. Quand vint l'idée (heureuse et merveilleuse) de l'Homme : le sentier de la Saline ! Et voui, le sentier de la Saline, seule rando à pouvoir être faite en claquettes ! Pour vous donner une idée de la difficulté de la chose, j'ai même fait la balade les claquettes à la main. C'est dire.
Donc, la Saline : ca ne monte pas, y'a pas de rochers, c'est tout du bonheur et du sable. Pour les amateurs éclairés, c'est un cordon sableux qui coupe la plage en deux : d'un côté la mer et ses vagues, de l'autre côté la Saline, son eau douce et noire et ses palétuviers (non Papa, ils ne sont pas roses ceux là).Cette lagune est un petit paradis pour les oiseaux. Tant et si bien qu'un observatoire a été installé par le conservatoire du littoral. Le grand plan d'eau où est installé cet observatoire est tout envahi de nénuphars sur lesquels marchent, non, pas des grenouilles, mais des Jacanas.C'est très très beau un Jacana. Un oiseau dans les tons rouges, banc et noir, distingué mais sans la morgue du héron, vous voyez ? Pas le genre de bestiole qui se tient haut perché sur ses pattes en vous prenant de haut. Non, c'est timide et discret, un Jacana. Ca marche sur ses nénuphars avec délicatesse et ça grignote des petites choses aquatiques avec distinction. Rien à voir avec Moka et un os de poulet, pour exemple.
A côté de l'observatoire, il y a un arbre mort. Et dessus, à chaque fois que nous sommes venus, il y avait deux hirondelles Chalybée. Elles sont mignonnes, mais Amazoniennes, comme hirondelles. De bonne taille, en quelque sorte. Elles causent, elles se baladent, elles s'épouillent. Une vie d'hirondelle tranquille. A l'inverse des Jacanas, nous ne les avons pas vues manger. D'ailleurs, c'est à se demander si elles mangent vraiment. A part leurs puces, je veux dire. C'est tellement fragile, mignon et tout ça qu'on imagine mal une hirondelle se gaver de moucherons jusqu'à en avoir mal au bide. C'est pas l'oiseau vulgaire. On sent que ça doit se contenter de peu, une mignonette hirondelle comme ça. Ca doit manger les vieux moucherons fatigués, histoire de leur rendre service et puis de faire son boulot de sélection naturelle, mais c'est tout...
Celui là n'a rien de spécifique au milieu exceptionnel de la Saline, mais c'est mon préféré... Le kikiwi, bien jaune est un oiseau canaille. Pas farouche, pas inquiet, il est partout, par tous les temps, et on l'entend crier dès qu'une occase se présente. L'est fripon, le kikiwi. J'aime bien. Il n'hésite pas à envoyer balader le charmant tout petit piaf tout joli, qu'on a mis des heures à repérer dans les branches si jamais cet avorton était sur la branche qu'il convoitait. Et puis il est capon. Les appareils photos ne lui font pas peur et il sait poser avantageusement. Je ferais de l'anthropomorphisme ? Peut-être... Qui sait ?
L'aigrette, elle, c'est un peu comme le héron. Fière, haut perchée, mais blanche. Ben oui, le héron est gris, l'aigrette est blanche, avec un plumeau sur la tête. Ce qui me rappele que, grand malheur, nous autres fonctionnaires du ministère de la Santé, nous n'avons pas, comme certains de nos collègues, de bel uniforme avec un plumet en haut des cheveux. Pourtant les gendarmes, les policiers, les militaires et l'administration pénitentiaire en ont. Pourquoi pas nous ? J'aurais aimé avec un képi avec quelques plumes pour signifier mon importance... Mais, las, ce n'est pas le cas. Alors bon, l'aigrette, qu'elle fasse sa maligne, et ben je trouve pas ça smart.

Pour faire passer la pilule, une petite guirlande de fleurs sauvages, mignonnes et colorées qui vivent tranquillement leur vie de fleur sans avoir à passer par la case "vase". De toutes façons, c'est pas possible : c'est du "consommable" elles faneraient dès qu'elles auraient quitté leur tige. Alors on les laisse là où elles sont jolies.

Et puis ça permet aux papillons d'avoir de quoi grignoter. Y'a bon le lantana.

Enfin on revient sur la plage et puis là c'est beau aussi. La Saline a son exutoire sur la plage. Ca coupe donc la plage en deux à marée haute et parfois les tortues qui viennent pondre s'y perdent. C'est vrai que ça doit être étonnant : on vient pondre à terre et on se retrouve jusqu'à la carapace (pour celles qui en ont, c'est pas le cas des Luth) dans de l'eau douce ou, pour le mieux, saumâtre. Y'a de quoi se poser des questions. Pour celles et ceux qui ne viennent pas pondre mais qui viennent juste profiter de la balade, c'est joli. Et le retour par la plage est bien sympa. On peut même s'arrêter, aller se baigner et se faire mettre de grandes claques par les vagues qui sont, faut bien le dire, de grandes farceuses. Pour ceux qui sont vraiment appétissants, de menus poissons viendront goûter à votre peau ce qui, généralement, surprend beaucoup et qui, la première fois, sonne le glas de la baignade. C'est pourtant sans risque : les pirahnas sont des poissons d'eau douce...